expo zéro

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OBJECT VS PEOPLE

Nikolaus Hirsch

OBJECT VS PEOPLE

Lors qu’un objet entre dans un musée, la nature de son existence change. Rencontrant un environnement physique nouveau et possiblement hostile, les conditions originelles de l’objet sont modifiées voire perdues dans ce nouveau contexte. Mais il existe un impératif pour les objets, quels que soient leur âge, leur composition ou leur condition : la conservation. Le musée assume la responsabilité de maintenir la stabilité physique de l’objet et de ralentir le processus de sa décomposition.

Si l’environnement ambiant du musée était simplement adapté aux besoins de la collection, le rythme de décomposition des objets serait lent. Mais les espaces muséaux ne sont pas seulement occupés par des objets ; il faut aussi y faire entrer des êtres humains – du personnel et, en nombre considérablement plus important, des visiteurs. Personnes et objets sont sensibles à l’environnement ; ils répondent d’ailleurs aux mêmes variables physiques de changement de l’environnement – mais il existe une différence cruciale : les personnes sont surtout sensibles à la température, alors que la plupart des objets de musée sont sensibles à l’humidité. Un changement de 4% de l’humidité relative (RH) a le même effet sur les objets qu’un changement de température de 10%. Le même changement en RH a le même effet sur les gens qu’un changement de température de 0,1°. Cela signifie que les objets sont cent fois plus sensibles à la RH que ne le sont les gens.

Les visiteurs de musées peuvent agir pour influencer leur environnement ; ils peuvent s’adapter, ou récupérer d’un environnement thermique hostile, par exemple en modifiant leur style d’activités, en quittant un endroit lorsqu’ils ne s’y sentent pas à l’aise, ou en réduisant la quantité de vêtements qu’ils portent. Si les visiteurs portent d’épais vêtements d’extérieur, ils sont susceptibles d’avoir trop chaud et de transpirer, tandis qu’ils arpentent un espace où est maintenue une chaleur suffisante pour offrir un confort thermique aux gardiens, habillés de vêtements légers. Les jours de pluie, les gens portant des imperméables mouillés provoquent même des augmentations d’humidité. La solution au problème est simple : ils pourraient laisser leurs vêtements au vestiaire. Les objets, cependant, ne disposent pas d’un tel contrôle sur leur environnement. Ils sont plutôt les récepteurs passifs des conditions environnementales ambiantes que les gens contribuent à créer, et ont peu de chance de retrouver leur état d’origine après avoir été exposés à un environnement hostile.

Ce conflit est fondamental : par leur simple présence, les êtres humains produisent des changements dans leur environnement immédiat. Les fonctions du métabolisme humain telles que la respiration, ou les activités physiques comme la marche, altèrent les conditions de température et d’humidité de l’air et affectent les objets. Un visiteur dégage approximativement 60 grammes de vapeur d’eau par heure, et au moins 60 watts par mètre carré de surface corporelle, sous forme de chaleur. Peut-on empêcher cela ?

Note : il n’existe pas de relation fiable entre le confort humain et l’environnement approprié à une œuvre d’art.

texte original en anglais

Once an object enters a museum, the nature of its existence changes. Accosted with a new and possibly hostile physical environment, the object’s original conditions are modified or even lost in the new context. But there is an imperative for objects of every age, composition, and condition: conservation. The museum assumes the responsibility for maintaining the object’s physical stability, for slowing down the processes of decay.

If the ambient environment in the museum was simply geared to the needs of the collection, the rate of decay of the objects would be slow. But museum spaces are not solely occupied by objects ; there are also human beings to be housed – staff and, in significantly larger numbers, visitors. Both people and objects are sensitive to the environment ; they even respond to the same physical variables of environmental change, but there is a crucial difference: people are primarily temperature sensitive, whereas most museum objects are humidity sensitive. A 4% relative humidity (RH) change has the same effect on objects as a 10% change in temperature. The same change in RH has the same effect on people as a 0.1º change in temperature. This means that objects are a hundred times more sensitive to RH than people.

Museum visitors can take action to influence their environment ; they can adapt to, and recover from, a thermally hostile environment by changing the pattern of their activities or by moving from a place where they feel uncomfortable, or by reducing the amount of clothing they wear. Visitors wear heavy outdoor clothing, which may cause them to overheat and perspire as they walk through a space that is kept warm enough to provide thermal comfort for lightly clothed guards. On rainy days, people wearing wet raincoats cause even additional moisture gains. The solution to the problem is simple: they could leave their clothes at a cloakroom. Objects, though, have no such control over their environment. They are rather passive recipients of the ambient environmental conditions that people help to create and are unlikely to recover from completely after being subjected to a hostile environment.

The conflict is fundamental: with their very presence, human beings produce changes in their immediate environment. Human metabolic functions such as breathing and physical activity such as walking alter the conditions of temperature and humidity in the air and effect the objects. A visitor releases approximately 60 grams of water vapor per hour, and at least 60 watts per square meter of body surface as heat. Can this be prevented ?

Note: There is no reliable relationship between human comfort and the suitable environment for an artwork.