expo zéro

Crédits / Credits

Lettre à Gerald Siegmund

insert 2
Boris Charmatz

Letter to Gerald Siegmund

La collection des spectacles inoubliables

Quelle est ta première impression quand tu songes à un espace muséal par et pour la danse ? Est-ce que cela fait sens, ou pas du tout, et comment ? Il serait intéressant d’entendre comment chacun se raccroche à ces mots – et spécialement toi qui a pensé l’absence sur la scène ! Je ne peux m’empêcher de penser que le Musée de la danse est forcément une quête perdue d’avance. Et pour cette raison, valable, envers et contre tout, comme une quête romantique. La danse risque forcément de mourir en entrant au musée, mais c’est aussi ce risque qui pourrait la maintenir “en vie”?!

Et je me demandais aussi très simplement quelles pièces un historien aimerait voir figurer dans son musée personnel – quels fantômes de corps et de gestes flottent par-dessus tous les autres, et pour quelles raisons. Il est probablement impossible de mettre les expériences d’un critique de danse telles quelles dans un musée, même si je pense que le regard du spectateur doit être au moins aussi important dans notre “collection” potentielle que la collection des spectacles inoubliables. Ou peut-être est-ce justement par nos regards et nos corps – d’aujourd’hui et de demain – que les œuvres de ce musée peuvent prendre vie. Dans expo zéro, tu aurais la possibilité d’évoquer toutes les pièces qui jamais ne rentreront au musée, soit parce ce qu’elles ont disparu, soit parce qu’elles- mêmes étaient faites de corps absents, déjà.

En tout cas, en ce qui me concerne, le musée a plus à voir avec le vide (qui permet aussi de danser, alors que les musées, encombrés d’œuvres intouchables, multiplient les interdits) qu’avec le plein, et plus à voir avec l’invention qu’avec la collecte. Je ne doute pas que sur ce sujet (le vide et le désencombrement) tu aies des choses à dire_________si ce n’est à faire ! Car cet immense espace du LiFE est une invitation au déplacement………..

Bien-à-toi

Boris pour Gerald

À suivre ? ?

The collection of unforgettable shows

What is your first impression when you think of a museal space for dance ? Does it mean something to you, or not at all ? It would be interesting to hear how every one reacts to these words – and especially you, who have theorized the absence on stage! I can’t help thinking that the dancing museum is necessarily a failure from the beginning. And, because of this, a valid one, in spite of everything, like a romantic quest. Of course, dance risks dying when it enters the museum, but such a risk might also keep it “alive”?!

And I was wondering also very simply: what are the works that a historian would like to include in his personal museum – which ghosts of bodies and of gestures float above all the others, and for what reasons? It is probably impossible to put the experiences of a dance critic, just as they are, inside a museum, even if I believe that the spectator’s gaze should be at least as important in our potential “ collection” as the collection of unforgettable shows. Or perhaps is it precisely by our gazes and our bodies – today’s and tomorrow’s – that the works in this museum can become alive. In expo zéro you would enjoy the possibility of evoking all the pieces that will never enter the museum, either because they have disappeared, or because they themselves were made of absent bodies, already.

Anyway, as far as I am concerned, the museum is more about the empty space (which allows also to dance, while museums, cluttered up with untouchable works, multiply the interdictions) than about the full, and more about invention than collection. I do not doubt that on this subject (the empty space and the uncluttering) you have things to say_________if not to do ! Because this immense space of the LiFE is an invitation to move……….

Yours truly

Boris for Gerald

To be continued?